Une piste pour rendre notre pratique plus vivante : Réflexion sur l’accompagnement des élèves vers l’autonomie à partir des bases.

Une piste pour rendre notre pratique plus vivante : Réflexion sur l’accompagnement des élèves vers l’autonomie à partir des bases.

Qu’est-ce qu’un cours concrètement ? L’animateur/trice d’un cours propose différentes situations de pratiques aux élèves de façon à leur permettre de s’approprier, de vivre les principes de l’Aïkido. Ces situations de pratiques sont des situations d’apprentissages qui prennent la forme de techniques ou d’éducatifs.

On peut classer ces situations d’apprentissages en trois grandes familles pour essayer de modéliser notre démarche d’enseignement, d’y voir plus clair :

  • les situations décomposées, départ statique pour réunir les éléments nécessaires et donc incontournables à la mise en œuvre de la technique. Pour une technique à la fois.
  • les situations dynamiques, départ en mouvement pour développer la fluidité de l’action en faisant fonctionner les éléments travaillés précédemment en statique, dans la continuité, les phases de l’action sont liées. Pour une technique à la fois.
  • les situations dynamiques et ouvertes pour développer, à partir de la fluidité, la variabilité et l’adaptabilité. (henka waza, jyu waza, kaeshi waza) donc potentiellement plusieurs techniques ou enchaînements.

Les indications, les consignes que l’on va donner aux élèves vont leur permettre d’entrer dans les situations d’apprentissage, de pratiquer les exercices en autonomie avec leurs partenaires. C’est ce que l’on peut appeler l’accompagnement vers la capacité à traiter, seul et à son niveau, un problème technique : saisie, frappe, saisie arrière , déséquilibre, chutes, etc.

On observe cette démarche dès la présentation des prérequis de la pratique : étiquette, échauffement, déplacements et chutes :

Par exemple pour l’étiquette, la posture seiza, les saluts etc, les élève peuvent intégrer ce comportement et l’appliquer en autonomie dans tous les dojos du monde. Les consignes vont concerner le contexte et le sens (l’étude la voie, pourquoi se comporter d’une certaine façon dans le dojo) et le comment c.à.d. la façon d’organiser son corps et ses déplacements dans le dojo.

Pour l’échauffement, cours après cours, accompagné par des consignes, l’élève prend conscience de son corps, à travers la mobilisation des chaînes musculaires et articulaires. Il comprend comment la préparation développe la coordination, l’équilibre et le centrage ; améliore la respiration, la concentration, la disponibilité mentale, il peut ensuite s’échauffer seul, se préparer physiquement et mentalement à la pratique, il sait pourquoi il faut se préparer et comment.

Idem pour les différents déplacements et changements de direction, pourquoi ? Pour s’adapter aux différentes situations, ne pas rester sous la contrainte, s’articuler à elle, comment ? Coordination, centrage et verticalité, disponibilité des appuis. Après consignes l’élève peut organiser et orienter son corps dans l’espace et changer de direction en autonomie.

 

Idem pour les déplacements au sol (les chutes) après les indications l’élève peut réaliser seul un enroulement arrière, latéral et avant en autonomie.

 

 

La parole peut être utilisée pour formuler l’objectif pédagogique (ce qu’il faut travailler, ce dont il faut être capable) et les consignes pour l’atteindre.

Le discours de l’enseignant peut être de trois types :

Descriptif, l’intervenant décris ce qu’il faut faire, le comment (le plus souvent dans les consignes)

Justificatif, l’intervenant dit pourquoi, c.à.d. qu’il met en évidence le principe en lien avec la compétence à développer (le plus souvent dans l’objectif)

Projectif, l’intervenant utilise une image, une métaphore pour illustrer le propos, (consigne ou reformulation de l’objectif)

Attention toutefois à ne pas trop dériver pour être sûr que les images soient comprises par le public, des références à la mécanique, à l’astronomie, à la philosophie etc. ne seront pas forcément une aide si les élèves n’ont pas les mêmes connaissances ou centres d’intérêts que vous.

Cette approche vient de la pédagogie par objectif et de son modèle objectif-moyens-consignes-évaluation, au-delà de la simple imitation, ce processus nous permet de nous interroger sur nos véritables connaissances et compétences en Aïkido. Ce processus nous autorise à structurer la transmission de notre discipline.

De l’analytique au global, du kihon au jyu waza

La progression du pratiquant n’est pas linéaire mais procède par paliers qui augmentent les compétences par cycles contenant des phases d’exercices de bases, de techniques « classiques » complètes et de variations.

La mise en place de la pratique à partir d’un kihon en statique ou d’une phase de la technique, permet de mettre en évidence des points importants de la technique directement liés aux principes généraux de la discipline, qui sont modélisé dans les critères d’évaluation :

L’Intégrité avec l’unité du corps, le centrage, la verticalité,

La construction avec la mobilisation du centre de uke, les placements/déplacements, la création du déséquilibre

L’intégrité, la construction et l’étiquette avec le respect du partenaire à travers une logique d’action,

Tout cela revient à organiser son corps et organiser ses placements/déplacements pour organiser la relation uke/tori et donc bénéficier des apports de l’exercice,

La mise en place statique permet de donner des explications, des consignes pour aider les élèves, c’est la façon analytique d’aborder les techniques, et à mon sens nous en avons besoin pour ne pas passer à côté des principes,

Par contre il ne faut pas s’enfermer dans cette forme de travail, car le découpage de la technique a des effets pervers : perte du sens de l’action, intellectualisation, donc les élèves sont dans la réflexion et non pas dans le ressenti, donc impossibilité de pratiquer en autonomie et d’entretenir la motivation (cf. doc joint).

Cette première phase de travail avec des éducatifs ou des kihon permet de passer ensuite à la technique en mouvement avec des repères suffisamment clairs, c.à.d des objectifs à atteindre sur lesquels se concentrer,

L’action, la technique en mouvement, donc sans être systématiquement interrompue, développe la vision du ma-aï et la proprioception et nous imprègne du sens de la technique, la logique de construction, le riaï qui peut se décliner en logique biomécanique (l’utilisation rationnelle du corps) et logique martiale (attitude, placements et déplacements appropriés à l’évolution de la menace),