Éléments de pédagogie
Au-delà de toutes les explications, notre discipline se transmet essentiellement et fondamentalement par le vécu.
Il faut donc être capable de créer les conditions d’un vécu.
D’abord par la mise en place d’un contexte favorable à l’étude, au respect et à la concentration, c’est-à-dire maintenir l’étiquette nécessaire dans le dojo ; ensuite par le choix des techniques du cours, enfin, par la rigueur et la simplicité dans la présentation de ces techniques.
C’est l’image du mouvement qui s’ «imprime» en premier lieu chez l’élève, les consignes et les repères doivent l’aider à entrer dans l’exercice, dans le vécu, sans le noyer sous un flot de paroles.
En Aïkido, la technique est un moyen pour accéder aux principes, il n’y a pas d’objectif sportif (gagner) ni martial immédiat (détruire), on pratique de façon à être transformé par le vécu du mouvement.
Pour que ce processus fonctionne, il faut que les techniques respectent les principes pratiques de la discipline : l’attitude, c’est-à-dire agir à partir du centre, travailler sur la liaison avec le partenaire, créer du déséquilibre grâce au placement – déplacements.
Quelque soit le niveau de l’enseignant (1er dan pour le BF UFA), on doit insister sur ces points.
Les techniques mises en œuvre doivent être adaptées au niveau des élèves et même à partir de mouvements les plus simples, comme par exemple ai hanmi katate dori ikkyo, on peut aborder les notions d’attitude et de placement – déplacement, conduite du déséquilibre.
L’idée du centre est amenée par les hanches : la technique doit mobiliser les hanches et les appuis du partenaire, l’extension du mouvement respecte le sens des articulations, le cheminement des chaînes musculaires. Tout cela apparaît dans les deux rôles uke et tori.
Pour un niveau plus avancé, on peut faire remarquer qu’un alignement correct des segments du corps (des os) permet de limiter les contractions inutiles (utilisation des muscles profonds) et permet de ressentir une tension juste du centre vers le contact et vers le sol, on respire mieux et on utilise le sens de la coupe (sortir du tirer – pousser).
En résumé, les consignes vont concerner en priorité l’attitude – placement – déplacement, pour tori et uke.
Une consigne doit attirer l’attention de l’élève et l’aider à atteindre l’objectif.
Une consigne doit décrire et justifier. Exemple : se déplacer sur l’extérieur pour être en sécurité, poser le poignet sur le genou pour garder le contrôle pendant le changement de main, garder les mains devant les hanches pour rester centré, plier la jambe du côté du partenaire pour chuter dans le sens de la coupe, etc…
- À l’examen, le thème du cours imposé est une dominante, c’est-à-dire, si le thème est suwari waza, il
ne faut pas préparer un cours d’une heure à genoux, mais alterner des techniques debout et à genoux,
idem pour les immobilisations, les koshis, etc…
Par rapport au niveau des élèves imposé par le sujet d’examen, choisir les techniques qui permettent
de traiter le thème. - Puis pour chaque technique, choisir la ou les phases sur lesquelles on veut intervenir : l’entrée, le
déséquilibre, le changement de main, l’immobilisation, etc…choisir les techniques qui permettent de
traiter le thème. - Une intervention pédagogique comporte un objectif : qu’est-ce que je veux faire travailler aux
élèves, quelle capacité je veux développer chez les élèves ?
Les critères des passages de grade peuvent nous aider à « démonter » la technique, à trouver des
objectifs : construction des techniques avec la phase de placement initial, création – conduite du
déséquilibre, engagement final, intégrité avec le centrage, sécurité du uke, mise en danger de tori,
de là, on va extraire les objectifs en se concentrant sur l’attitude – placement – déplacement pour
tori et uke. - Chaque ligne de la grille de cours est une intervention pédagogique, trois consignes maximum par
intervention pour ne pas saturer la mémoire des élèves. - Chaque ligne de la grille de cours comporte un objectif (être capable de), une technique ou un
exercice, des consignes qui aident à atteindre l’objectif, un critère de réussite, généralement cela
concerne l’effet sur le uke (appui, déséquilibre, décentrage, etc…) - Pour un cours d’une heure et quart, ou une heure et demi, quatre à cinq techniques pour la partie
principale (chaque technique peut faire l’objet de plusieurs interventions pédagogiques), un
échauffement classique, plus des éducatifs en première partie, un jyu waza à la fin pour la
mémorisation et l’évaluation des élèves, kokyuho ou assouplissement léger pour le retour au calme ;
ne pas oublier de minuter chaque exercice, voilà pour la présentation d’un cours complet.