C’est aujourd’hui pour moi le moment le plus important de notre pratique.
En effet, l’échauffement n’est pas, comme pour un sportif, un moyen de mettre le corps à température pour répondre à des efforts imprévus.
Notre art nous permet de toujours rester sous le contrôle de notre volonté, ce qui diminue les risques de blessure musculaire. Mais en revanche, pour pouvoir contrôler le corps d’un autre, il nous faut parfaitement connaître le nôtre. Et l’échauffement me semble un excellent moyen d’y parvenir.
A travers les différents exercices proposés, nous mettons notre corps en action et nous le préparons à développer une sensibilité qui devrait nous aider à mieux appréhender notre partenaire.
Il nous faut un corps qui ne se blesse pas par incapacité et inculture anatomique et physiologique. L’échauffement étant un effort solitaire, il devrait être aisé de connaître mieux nos différents tissus qui seront « choqués » par le contact d’un partenaire n’ayant pas la même sensibilité que nous.
Par exemple, où sont nos points d’appui : pieds, genoux, hanches, mains. Quand nous effectuons des rotations droite-gauche, il est extrêmement important de ressentir sous la plante des pieds comment notre poids se répartit, comment, quand je tourne à gauche, le poids se trouve davantage sur le petit orteil gauche et le gros orteil droit. De plus, pendant ces rotations, il me faut scanner mon propre corps et sentir si je tourne aussi bien à droite qu’à gauche. Ressentir si mes vertèbres ont la même amplitude de rotation. Ressentir comment mon bassin bouge dans ces rotations. Ressentir comment mes genoux absorbent ces rotations et surtout comment mes chevilles vont les contrôler. Ceci, dans la pratique, me permettra de répondre à la seconde à la demande d’Uke. Mon corps doit être prêt, non par habitude, mais par la perception de l’effort demandé.
De même, à l’arrêt, il est indispensable que nos genoux se trouvent à l’aplomb des petits orteils (pied de la réception) afin de mettre de la force dans les appuis. Si les genoux sont sur la ligne des gros orteils (pied de la propulsion), le moindre choc entraînera une lésion au niveau de l’articulation du pied ou de celle au-dessus du genou.
Ceci est du ressort des gradés qui doivent donner l’exemple lors de l’échauffement pour qu’il ne soit pas un moment où nous les gradés passons notre temps à parler et à regarder ailleurs. Un dernier point important : l’échauffement est propre à celui qui le dirige. Il n’est pas adapté aux élèves mais il est un moyen pour le professeur de comprendre comment son corps réagit. Il m’est apparu que lorsqu’un professeur change d’échauffement, il demande à son corps d’autres efforts. Cela veut dire qu’il a changé de technique ou dans sa façon d’appréhender sa pratique. Soyez attentifs à cela.
Philippe Gouttard